Au sujet de ce que nous vivons et de ce que nous ferons de cette épreuve
Chers parents, Chers élèves,
Avant de vous faire part de nos réflexions, consignes et recommandations en ce qui concerne la « continuité pédagogique », élaborées avec l’ensemble de nos enseignants entre lundi et hier, et tout en ayant conscience que nous sommes tous saturés d’informations, je tenais malgré tout à vous partager la vision du chef de votre établissement scolaire. En effet, dans toute cette histoire, le fond, c’est-à-dire le sens, plus que jamais, ne peut être distinct de la forme, c’est-à-dire des modalités de mise en œuvre des choses…
Puisque nous en avons pour la plupart, n’hésitez pas à prendre le temps, ensemble, parents et élèves, de lire ce qui suit !
Parmi vous, certains savent qu’au-delà de la fraternité scoute et du travail commun passé qui nous lient, j’apprécie la pensée posée et raisonnable François-Xavier Bellamy, enseignant et philosophe.
En 2014, il publiait un livre-maître sur l’éducation « Les déshérités, ou l’urgence de transmettre ». Il commençait son propos par le rappel de ce qu’il s’est passé il y a 9 ans jour pour jour, à Rome, à l’opéra… Giuseppe Verdi, Nabucco, l’air Va, pensiero, le chef d’orchestre Riccardo Mutti et, évènement unique, un « bis », c’est-à-dire la reprise de cet air alors que l’opéra n’était pas encore fini…
« Va, pensiero n’est pas un chœur comme les autres » nous rappelle l’auteur. « Cette élégie chante le désespoir du peuple hébreu arraché à sa terre natale (…) ils se souviennent de la beauté de leur pays disparu ».
Riccardo Mutti, le chef d’orchestre, a exceptionnellement consenti à reprendre le Va, pensiero non seulement car il a auguré l’unicité de l’instant et « la réaction viscérale du public aux lamentations du chœur des esclaves hébreux » ; mais encore car il a voulu mettre en garde les autorités présentes sur l’abandon, peu à peu, de la transmission de la culture.
En ces temps où nous avons plus que tout… le temps, je laisse à chacun le soin d’aller chercher le lien Internet qui le conduira à revivre l’évènement que je relate, à télécharger l’opéra ou le morceau ou encore à souffler les poussières sur un très vieux vinyle pour écouter cet opéra et ainsi s’approprier les paroles italiennes et leur traduction.
« Ô mon pays si beau et perdu ! Ô souvenir si cher et funeste ! » chante également le chœur sur cet air : n’est-ce pas, en ce moment, le sentiment qui nous envahi tous ? Avec cette promesse que chacun se fait en secret : « une fois que tout cela sera passé, il me sera possible de retrouver ces lieux, ces activités, et ces êtres surtout, qui me sont si chers ».
Oui, tout sera à nouveau possible, bien évidemment et, même si ce n’est que pour un temps, celui des retrouvailles, nous vivrons sans doute cela avec une intensité sans pareille.
D’ici-là, il reste néanmoins un autre temps à vivre et à vivre du mieux que nous le pourrons, celui de « l’exil des Hébreux » (cf. Psaume 137).
Mais ne l’oublions pas, nous ne sommes jamais seuls… « Et Moi, Je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin des temps. » (Matthieu 28, 20)
Avec Sylvain Tesson, l’écrivain-voyageur, je veux « croire que cette traversée du temps retrouvé, grâce notamment aux pouvoirs de la littérature, de la poésie et de la philosophie, permettra le réveil de la sensibilité, de la contemplation et donc, de la vie intérieure ». Et, « s’il épargne la solidité de notre organisme, [ce virus] révèlera la solidité de notre âme ».
De fait, il nous faut faire de cette expérience inédite, « de cette traversée du temps retrouvé », non pas un effondrement de soi mais l’opportunité d’ « un peu d’ordre dans son cœur ». « Du fond de sa douleur de voir le monde dans un si monstrueux désordre, surgissait la satisfaction secrète de sentir désormais l’ordre régner dans son coeur ». (Heinrich Von Kleist)
Lorsque il nous est donné de nous approcher des sommets des montagnes, nous sommes parfois comme saisis par le vide : c’est le vertige qui, si l’on n’y prend pas garde, peut nous être funeste ! Il me semble que les évènements actuels, et notamment le confinement, peuvent nous être tout aussi funestes, à chacun, adultes comme enfants. Je ne parle pas ici nécessairement des rapports humains et de la proximité qui, peu à peu, seront appelés à s’ajuster, je parle surtout du vide de l’hyper-connexion qui peut nous entraîner dans les plus profonds ravins !
C’est là en effet l’attrait du « tout connecté », à l’envie mais surtout à l’excès… et « nous autres humains du XXIe siècle, partons plutôt défavorisés dans la mesure où le nouvel ordre digital-consumériste nous a habitués à craindre le vide… Alors que le fait de demeurer chez soi est justement une expérience du vide. Il ne faudrait pas, alors, que nous fassions comme la connexion intégrale le préconise : remplir tout avec n’importe quoi ! ». (Sylvain Tesson)
Au final, pour ce qui concerne le souci de l’instruction et plus largement de l’éducation qui nous uni vous, parents et élèves, nous, enseignants, une seule question nous est posée : est-il possible de transmettre… sans éducateurs ?
J’aime à répéter aux enseignants de l’Institution qu’ils sont « des éducateurs qui enseignent » et la tentation serait de croire, lorsque l’on parle de « continuité pédagogique », qu’avec ou sans la présence physique de l’homme ou de la femme qui enseigne à votre enfant, c’est à quelque chose près… la même chose. Et il existe d’ailleurs de par le monde certaines personnes qui en sont convaincues qu’enseigner à distance a de nombreux avantages par rapport à l’enseignement en présentiel, voire même des avantages qui surclassent ce dernier !
En ce qui me concerne, ma pensée est plus que limpide sur le sujet : l’enseignant ne peut transmettre sans une présence physique et sans les rapports humains qui permettent entre autres ajustements, encouragements, transmission d’expériences, etc.
De fait, la « continuité pédagogique », sans que le qualificatif que je vais employer ne remette en cause les efforts conséquents de nos enseignants avec qui je continue de travailler pour sa mise en place, sera un mode de transmission… dégradé.
Jean-Philippe Gayola, Chef d’établissement.
Flash continuité pédagogique n°4 _ 9 avril 17h
Chers parents,
Nous vous informons qu’un nouveau document continuité pédagogique pour le Collège est désormais disponible.
Jean-Philippe Gayola.
Flash continuité pédagogique n°3 _ 19 mars 17h
Chers parents,
Nous vous informons que le document continuité pédagogique pour le Collège est désormais disponible.
Jean-Philippe Gayola.
Flash continuité pédagogique n°2 _ 19 mars 14h
Chers parents,
Nous vous informons que le document continuité pédagogique pour l’Ecole est désormais disponible.
Le document peut vous être transmis sur simple demande à secretariat.ecole at trinitaires84.org.
Pascale Trouche.
Flash continuité pédagogique n°1 _ 16 mars 16h30
Chers parents,
Nous vous informons que deux réunions téléphoniques ont eu lieu ce matin avec d’une part les enseignants de l’Ecole et d’autre part ceux du Collège, afin de travailler à la mise en place de la continuité pédagogique.
Dans un premier temps, l’Environnement Numérique de Travail (ENT) sera Ecole directe auquel chacune des familles du CP à la 3è a normalement accès (en cas de difficulté, vous pouvez redemander un code à secretariat.ecole at trinitaires84.org ou à secretariat.college at trinitaires84.org).
Dans un deuxième temps, d’autres modalités particulières seront mises en place selon les enseignants mais, en cas d’urgence et pour ne pas surcharger leurs bàl, vous pouvez d’ores et déjà prendre contact avec tel ou tel via son adresse professionnelle (prenom.nom at trinitaires84.org).
Pour information, Ecole directe rencontre au niveau national des difficultés et nous n’avons donc pas la main sur celles-ci…
Nous vous demandons dès à présent de consulter chaque jour Ecole directe, rubrique « Cahier de textes » et « Messagerie ».
Pascale Trouche, Jean-Philippe Gayola.